mercredi 29 février 2012

OUIDAH

On quitte Abomey pour OUIDAH.
Le symbole de l'unité nationale. Tous les fils du pays se réunissent pour boucher la jarre trouée!!!
On suit en partie "la route de l'esclave", itinéraire qu’empruntaient les esclaves de leur lieu de regroupement jusqu’à la mer. Cet itinéraire ayant en amont Abomey et en aval Ouidah.
La route est correcte sur 20 km. Ensuite, c'est plein de trous et de camions en panne. C'est interminable, malgré le peu de km à parcourir!




On s'installe à "L'escale des Arts" où on nous propose une suite, au lieu des 3 chambres demandées: 2 chambres + un grand espace de vie + 3 salles de bain, la cuisine est fermée mais on aurait pu la faire ouvrir. L'ensemble pour 15 000 F.CFA (soient 22€ environ). Nos trois dernières nuits sont assurées!
On passe à l'office de tourisme, le guide parle un français de France. Normal! Il est de Corbeille-Essonne et préfère la vie ici! Il nous emmène sur la fin de la route de l'esclave. Aujourd'hui, on suit cette dernière portion de 4 km balisées de sculptures et de plaques explicatives décrivant les principales étapes. 
Attention aux pseudo-guides, parfois collants!


PLACE DES ENCHÈRES
Ici Français, Anglais, Portugais, Danois et Hollandais venaient acheter ceux qui n'étaient pas morts de faim ou de fatigue en cours de route.

L'ARBRE DE L'OUBLI
"Les esclaves mâles devaient tourner autour de lui neuf fois, les femmes sept fois. Ces tours étant accomplis, les esclaves étaient censés devenir amnésiques ils oubliaient complètement leur passé leurs origines et leur identité culturelle pour devenir des êtres sans aucune volonté de réagie ou de se rebeller."










LA CASE DE ZOMAÏ
"Zomaï signifie que le feu de la lumière ne s'y attarde point. En effet en cet endroit se trouvait une grande case hermétiquement close où les esclaves étaient enfermés dès leur arrivée à Zoungbodji et d'où ils ne sortaient que pour être transférés vers l'arbre du retour. Cette séquestration absolue désorientait totalement les esclaves et rendait extrêmement difficile toute tentative de fuite ou de rébellion. Ce séjour ici les conditionnait pour la vie de promiscuité et d'obscurité des cales des négriers."

Elle est également la case du REPENTIR, pour que les descendants des Africains qui ont vendu leurs frères et sœurs aux Blancs aillent demander pardon.


Ici repose dans la fosse commune,
le corps des esclaves morts avant
l'embarquement pour les Antilles
ou l'Amérique.
Ce mémorial de Zoungbodji
est érigé à l'emplacement
même où les esclaves ont été enterrés.( source: Gontran HOUNSOUNOU)



LA PORTE DU NON-RETOUR
De là, les esclaves montaient dans des canots pour être entassés dans les cales des navires avant la longue traversée vers le Nouveau Monde. Persuadés que les négriers blancs allaient les manger, certains préféraient, lors du transport en canots, se jeter à la mer et mouraient noyés.
Ils furent officiellement 75 millions, sans compter ceux qui sont morts avant d'embarquer ou en cours de route!

 Un peu d'histoire de OUIDAH (Guide du Routard)
"Le nom actuel de la ville vient du peuple Huéda, qui a fondé la ville, comme débouché maritime de Savé, une cité du bord du lac Ahémé. Ce peuple "originel" constitue toujours 40 % de la population actuelle de Ouidah. On appelle les Huédas les "deux fois cinq" en raison de leurs scarifications (deux sur le front, deux sur chaque pommette, deux sur chaque joue) qui représentent les marques visibles sur la tête du python, animal emblématique de l'ethnie (et de Ouidah). La ville, au plus fort de la traite négrière, entre 1680 et 1835, fut très prospère. A cette époque, des révoltes d'esclaves secouèrent le Brésil. Nombreux furent les esclaves affranchis et mulâtres expulsés qui choisirent de revenir à la case départ, c'est à dire la région du golfe de Guinée, et plus particulièrement le coin de Ouidah et Porto-Novo. Ces Agoudes, comme on les appelle, apportèrent ainsi avec eux leur culture, leur architecture et leur cuisine, enrichissant considérablement celle de Ouidah et de cette partie de l'Afrique. Incroyable, quelques rapatriés osèrent se lancer à leur tour dans le trafic d'esclaves, pourtant sur le déclin (comme les da Souza) mais il faut savoir que l'esclavage ne fut officiellement aboli à Cuba qu'en 1886! [...]"
Sur les da Souza:
"Don Francisco Felix da Souza, Brésilien, également connu sous le nm de Chacha 1er, a été l'un des pires trafiquants d'esclaves de l'époque. Ami du roi Ghézo, il fut nommé par ce dernier vice-roi de Ouidah. Aujourd'hui encore, la famille da Souza, loin de renier le passé de négrier de son fondateur, en cultive le souvenir. Sachant que Chacha 1er a eu officiellement 63 enfants (29 garçons et 34 filles) et que le plus prolifique de ses fils en a eu à son tour... vous imaginez bien que les da Souza sont innombrables au Bénin. On vous épargne l'arbre généalogique complet! En 1995, la famille s'est regroupée en assemblée générale pour désigner le nouveau Chacha, 8e du nom, et tous les ans , une réunion de famille se tient à Ouidah."

Pour en savoir plus:

Ouidah, port négrier et cité du repentir

un dossier de Jean-Norbert Vignondé:
Cet article interroge dans un premier temps la toponymie et la tradition orale d’un haut lieu de la traite négrière sur l’ancienne « Côte des Esclaves », et dans un second temps relate l’entreprise symbolique engagée en 1998 afin de faire la lumière sur ce passé ténébreux : de la mémoire au travail de deuil.


Francisco Félix de Sousa, article de Wikipédia






On ne résiste pas à faire trempette: l'eau est délicieuse, mais la barre est puissante!



mardi 28 février 2012

GANVIE

Aujourd'hui nous allons jusqu'à Porto-Novo, la capitale du Bénin.
En route, nous nous arrêtons à Cotonou pour prendre de l'argent à la banque et repérer la route de l'aéroport. La circulation est infernale: il y a une majorité de motos et de scooters. De nombreux camions viennent décharger / charger dans un bruit épouvantable. Sauve qui peut! mais ça prend du temps.
A PORTO-NOVO
On ne prend pas le temps de visiter la ville qui est beaucoup plus calme que sa voisine.
Porto-Novo est une des capitales au patrimoine les mieux préservés. L'architecture y présente un style original avec des influences brésiliennes et françaises.

le MUSÉE ETHNOGRAPHIQUE
1er étage: dédié à la culture Guélédé et à ses masques
Site officiel du tourisme du Bénin:
"Les masques guèlèdè des peuples Yoruba-Nago, mais également fon et mahi illustrent, le caractère sacré de la femme et la célébration de son rôle de mère dans la communauté. Le guèlèdè a pour rôle d’honorer Iyanla la mère primordiale ainsi que les ancêtres.

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« Le guèlèdè est une société semi-secrète, car les cérémonies rituelles sont secrètes et ne sont réservées qu’aux initiés, alors que la danse est un spectacle populaire. C’est une société fortement hiérarchisée, dirigée toujours et uniquement par des femmes désignées par le fâ et dotées de pouvoirs surnaturels…Parmi elles, l’une reçoit des divinités et des ancêtres le droit et les pouvoirs de diriger toute la société (le groupe). Ainsi, elle prend le titre de Iyalashè. Dès lors, tous les membres du groupe lui doivent respect et obéissance. Elle seule, peut autoriser la sortie ou non des masques. Les femmes dirigent la société, mais seuls les hommes ont le droit de porter le masque ».
« Les cérémonies rituelles du guèlèdè sont des danses masquées qui se déroulent après les récoltes, les sécheresses ou les épidémies, mais aussi lors du décès d’un notable. Elles sont l’occasion de rencontres importantes et d’une communion entre les différents éléments de la communauté des Yoruba-Nago. Les chants en langue yoruba qui les accompagnent fondent une identité linguistique de l’ensemble yoruba-nago, et retracent leur histoire et leurs mythes. » rapporte François-Xavier Freland dans son ouvrage « Saisir l’immatériel : un regard sur le patrimoine vivant » édité en 2009 par l’Organisation des Nations- unies pour l’éducation, la science et la culture, Unesco. Le guèlèdè, un rituel essentiel d’une richesse infinie, qui fait la fierté des peuples du Bénin, du Nigeria, du Togo et a définitivement conquis le monde. Au Bénin, ses cérémonies réjouissent souvent les populations de Pobè, Kétou, Ouidah, Daagbé, Sakété, Ifangni, Covè, Savè, …
"


Rez-de-chaussée: de la vie à la mort, traditions et coutumes souvent commune aux différentes ethnies du Bénin .

De là, on veut trouver un embarcadère pour faire la traversée vers Aguégué, village lacustre. Dès notre approche, nous sommes assiégés, impossible de rejoindre le bateau-taxi emprunté par la population.
C'est tellement pénible qu'après plusieurs autres tentatives on se sauve là où on ne voulait pas aller au départ: à Calavi, un embarcadère avec guides officiels et prix établis et très élevés.
Une pirogue à moteur pour 4 (1h30) + guide = 25 200F.CFA pour nous conduire jusqu'à Ganvié, village lacustre sur le lac Nokoué.

Deux puits d'eau potable distribuent habituellement le précieux liquide aux habitants mais en ce moment l'un d'entre eux a une pièce (allemande) de cassée qu'ils n'arrivent pas à trouver. Donc c'est une queue immense devant le second puits. Ganvié compte tout de même 30 000 habitants. L'eau est payante.


Le lac a une particularité: saumâtre 9 mois de l'année, l'eau devient douce les 3 mois restants, à la fin de la saison des pluies, ainsi les pêcheurs bénéficient d'une plus grande variété de poissons, de la sardinette au silure.






Il vaut mieux venir tôt le matin, à l'heure du marché.Il y en a deux par jour: le marché du petit matin, les femmes qui préparent le repas à emporter de leurs maris pêcheurs y font leurs emplettes dès 4 h du matin; le grand marché s'ouvre à des heures plus normales.



Des toilettes propres plus écologiques pour l'environnement est à l'essai.



Des écoles, une église, une mosquée...
C'est une maison bleue...

... un hôtel...


... un hôpital...
On trouve aussi la maison de la francophonie, inaugurée par B. Chirac...






Le retour à Ouidah se fait par la route du littoral, très sympa, malgré deux contrôles de police (corrects).




On arrive à la Porte du non-retour: Hima y retrouve son cousin, Hassan, qui y est installé pour vendre des bijoux touaregs. Après les retrouvailles, nous allons dans un resto haoussa, puis Hassan tient à nous présenter sa fiancée, son "baby", dont il est très amoureux. Nous, nous la trouvons surtout très voilée! Elle est la fille de l'imam, tout s'explique.
Puis il nous emmène chez lui. C'est très spartiate mais ici on vit surtout dehors...

Un repas comme chez nous: irrésistible!!!