dimanche 4 mars 2012

Au pays SOMBA

De Natitingou, nous prenons la route qui conduit au TOGO. C'est la région de l'ATACORA, nom de la chaîne montagneuse à cheval sur les deux pays.
A la sortie de la ville, la police nous arrête: il y a encore un problème! Il nous manque un laissez-passer qui aurait dû nous être délivré à la frontière. Malgré l'insistance d'Hima, le douanier nous l'avait refusé... Il faudrait retourner à Porga! Bien sûr, pour nous, il n'en est pas question. On dit au brave policier que nous irons le chercher à Cotonou. Celui-ci est très ennuyé mais nous laisse continuer. A notre retour, il nous fera un grand salut en nous reconnaissant. 

En route, nous apercevons des villages dont les habitations sont très originales: ce sont des TATAS.
"Le mot Tata désigne à l’origine une fortification depuis le temps de la colonisation française. Mais, par extension, il désigne aussi toute habitation. Le Tata Somba, château fort traditionnel, est l’apanage des peuples Bètammaribè, Bèsoribè et Natemba. Les autres Tatas tels que Berba et Waaba ne répondant pas au sens étymologique de ce type d’habitat. Le terme même de Somba donné aux châteaux forts traditionnels de l’Atacora est un nom générique que l’administration coloniale française a attribué à tous les peuples de l’Atacora, à l’exception des Batombou." (voir ici: http://www.slateafrique.com/2399/benin-tata-somba-habitat-traditionnel-en-voie-de-disparition)




Comme nous nous arrêtons pour faire des photos, nous attirons l'attention de deux jeunes villageois, tout prêts à répondre à nos questions et qui acceptent de se faire photographier, sans aucune contre partie, il faut le souligner, lorsque nous constatons les scarifications tracés sur leurs visages. Ils appartiennent à l'ethnie OSSORI.



 Nous nous arrêtons à KOUSSOUKOUINGO (35 km de Natitingou), où les habitants ont fondé une association qui organise des visites. Les fonds sont répartis entre guides et membres de la communauté.





la Visite 
à l'extérieur:


aux portes des maisons trônent les trophées: singes, biches, agoutis (gros rongeurs de brousse), chiens...
Faux fromager

Pierre pour les offrandes aux esprits
  Notre guide nous explique que les noms donnés aux enfants dépendent de l'ordre de naissance du père puis du fils suivi d'un nom français. Par exemple, lui-même s'appelle: Troisième Premier Jean, c'est à dire qu'il est le premier fils d'un troisième.

 Entrons:



A l'intérieur, il y a deux cuisines, une salle pour les animaux (poules...). A l'étage, la terrasse se divise en 2 ou 3 parties: les chambres et les greniers.




à l'étage:



la chambre


un grenier

Gare aux voleurs: la cloche donne l'alarme!

TAMBOUR

Lors des enterrements, si le défunt a plus de 70 ans, on fait la fête: sa vie a été longue, cette mort est acceptable.
En revanche, si le mort a moins de 70 ans, il n'y a aucune cérémonie.

fromager






néré
fruit du baobab


baobab de 500 ans




kapokier

Il y avait aussi un karité, dont le fruit donne un beurre qui aide à la cicatrisation des scarifications et dont on enduit les murs des maisons car c'est un bon isolant.


un four? j'ai oublié...




On roule jusqu'à BOUKOUMBE.
vue sur le TOGO

frangipanier en fleur



On mange "Chez Pascaline". Au menu, plusieurs propositions: riz, fonio (faux couscous, pâte d'amidon), akassa (pâte de maïs blanc), fromage peul, cochon, perdrix et même du rat géant (agouti non merci!).




De retour à Natitingou, après avoir constaté que la banque ne prend pas la Mastercard et avoir fait une pause à l'hôtel, nous allons visiter le Musée situé dans un bâtiment colonial de 1915, comprenant 5 salles (1 000 FCFA).


Salle 1. le bâtiment et la colonisation
Salle 2. La Préhistoire
Salle 3. Le sacré de l'Atakora
Salle 4. l'architecture des tatas et de la région
Salle 5. chasse et pêche


Puis petit tour à la boutique BAMBA WOOR que son propriétaire sénégalais Mr N'Diaye("l'homme de cravates") surnomme "la caverne d'Ali Baba". 3 masques pour moi, 2 pour ma mère. Heureusement qu'Hima est là pour la négociation. Il y va fort et ça marche!
Nous mangeons à La Grignotte, restaurant tenu par Amadou qui propose ses services à l'auberge où nous dormons. On aurait pu y manger mais Amadou préférait qu'on vienne dans son resto. Il nous offre son apéro maison, une sorte de bissap transformé: ça a la force d'un digestif, wouah, ça décoiffe!
Au menu, lièvre et panaché de légumes pour les uns, daurade pour les autres. Tout est délicieux.


La fin du repas est un moment mémorable de ce séjour: merci Dada!
Voyant ce que ma mère laisse de sa daurade dans son assiette, il demande s'il peut finir de manger. Et il mange tout ce qui était écarté et l'on ne peut que constater qu'il se régale! Les arêtes, la tête et les "cailloux du cerveau", centre de la mémoire du poisson... Incroyable! Ensuite, il nous raconte son peuple et ses coutumes si étranges et étrangères aux nôtres.
Il est Zarma. Tout nouveau-né est laissé au bord de l'eau une nuit, épreuve servant à confirmer son appartenance au peuple de l'eau. Les femmes peuvent rester sous l'eau 5h. L'homme qui commande au crocodile. L'histoire des deux hommes fâchés: l'un voit un croco au fond de son verre, il ne peut plus boire; la réconciliation est obligatoire sinon il meurt. Le croco qui sort de l'eau en prenant une apparence humaine, fait son tour en ville et rentre tranquillement. 
Notre esprit occidental ne peut croire à de telles choses et les classe dans les contes et légendes.
"Et les sirènes alors?" lui demande-t-on, moqueusement. Et Dada, de répondre très sérieusement: "On les mange aussi." Le repas se termine sur un fou rire général.

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